Nous lisons dans la Hagada de Pessa’h : הָא לַחְמָא עַנְיָא. דִּי אֲכָלוּ אַבְהָתָנָא בְּאַרְעָא דְּמִצְרָיִם….לְשָׁנָה הַבָּאָה בְּאַרְעָא דְּיִשְׂרָאֵל בְּנֵי חוֹרִין – « Voici le pain de pauvre que nos pères mangeaient en Égypte… L’année prochaine, en Erets Israël, des hommes libres ».
Mais dans toutes les Tefiloth de Pessa’h aussi, nous répétons : «Zeman ‘hérouténou /l’époque de notre liberté….»
Mais que signifie l’expression ”Bené ‘horin”?
Si l’on nous posait la question, chacun d’entre nous répondrait : « libre, liberté, affranchi… ». Mais si on pose la question à un ‘olé ‘hadach (nouvel arrivant en Israël) peu hébraïsant, qui chercherait dans son dictionnaire, il la traduirait par : « les fils des trous… ». Cette traduction littérale semble étrange, mais elle est d’une extrême profondeur !
Dans les Pirké Avoth 6;2 il est dit : « Les tables de la loi étaient l’œuvre de D’, et l’écriture était celle de D’, gravée sur les tables » (Chemot 32;16) ; ne lis pas ’harout/gravée mais ’hérout/liberté. Car il n’y a d’homme réellement libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Tora, comme il est écrit : « Et de Matana Na’haliel et de Na’haliel Bamot (Bamidbar 21)… » Il est fréquent de trouver dans la Michna ce genre d’enseignement : « Ne lis pas de cette façon, mais plutôt ainsi ». On pourrait se demander pourquoi, et surtout de quel droit, on pourrait changer ce qu’il est écrit.
L’intention de la Michna n’est pas de corriger le texte de l’Ecriture. Elle veut simplement montrer que le verset peut être interprété différemment.
Le Maharal de Prague explique ce qui suit : « Lorsque l’on taille la pierre pour y graver des lettres, c’est grâce à l’action de creuser que la lettre va apparaître, en tapant des petits coups qui font des trous. L’accumulation de tous ces petits trous va donner naissance à une lettre, puis une autre, puis un mot… Ainsi, les Lou’hoth/tables de la loi ont été taillées par Hakadoch Baroukh Hou. Il les a gravées ! Il a gravé les Dix Commandements et, par cette action, a « imprimé notre carte d’identité » dans la pierre.
Celle-ci en main, nous sommes un peuple, un peuple libre, des Bené ‘Horin.
Établissons maintenant un lien entre la traduction de notre ‘olé ‘hadach et la Michna dans les Pirké Avot qui nous demande de ne pas lire Gravée mais Liberté.
En effet, Bené Horin signifie les hommes libres, mais aussi les « fils des trous ». C’est grâce à ces trous, les trous de la gravure des Lou’hot/tables de la loi, que nous sommes libres !
Ainsi, l’expression Bené ‘Horin prend tout son sens: hommes libres mais aussi fils des trous, qui sont issus de la taille des Lou’hot !!
Nous comprenons donc que le but de la fête de Pessa’h, ce n’est pas juste la sortie d’Égypte. Le but principal, c’est le don de la Tora !
Comme le dit la Michna : Car il n’y a d’homme réellement libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Tora ! Il ne faut pas confondre cette notion avec le terme de liberté employé en hébreu moderne : « ‘hofchi », car un Juif n’est jamais « ‘hofchi »/affranchi.
Comme l’exprime David Hamélekh dans les Tehilim (88;6) : « Bamétim ‘hofchi/les morts sont libres ». Et la Guemara (Chabbath 30a) explique dans quel sens les morts sont libres : lorsqu’un homme meurt, il devient libre/’hofchi de la Tora et des Mitsvoth, dans la mesure où il ne peut plus étudier ni accomplir des Mitsvoth.
Un juif vivant ne peut pas être ‘hofchi/affranchi, et encore moins lorsqu’il vit en Erets Israël (contrairement au passage de l’hymne national israélien : « Lihyot am ‘hofchi beartsénou…. »/être un peuple affranchi sur notre terre).
Nous sommes dans ce monde dans un seul but, Hachem nous a libérés d’Égypte pour une seule raison : le Midrach Hagada enseigne : « Moché annonça la délivrance aux Bené Israël et ajouta qu’au terme de 50 jours après la délivrance, ils recevraient la Tora. Comme il est dit : « Quand tu auras fait sortir le peuple d’Égypte, vous servirez Ha-Elokim sur cette montagne-ci » (Chemot 3;12), et le texte fait allusion au don de la Tora sur le mont Sinaï.