Paracha Metsora’ – soumettons nos questions à un rav«Voici quelle sera la règle imposée au lépreux le jour où il redeviendra pur : il sera présenté au Cohen » (Vayikra 14, 2). On raconte qu’un certain ignorant en Tora passait chaque année la soirée du Séder chez son père. Après le décès de ce dernier, il fut contraint d’organiser son propre séder. Il aurait dû logiquement se rendre chez un rav pour lui demander de lui enseigner à célébrer le séder, mais estima pouvoir se débrouiller seul. Le soir de la fête, il récita le Kiddouch de Chabbath, puis chercha dans ses livres une fine brochure de couleur verte, se remémorant que son père lisait la Hagada dans une telle brochure. Il la trouva, mais il s’agissait en réalité d’un livre de Seli’hoth, dont la couverture était semblable à celle de la Hagada de Pessa’h de son père. Il commença la lecture des Seli’hoth : Kel Mélekh yochev ‘al Kissé Ra’hamim, etc. Il lut un passage après l’autre, comme s’il lisait dans la Hagada. Il se souvenait que son père versait toujours du vin lorsqu’il parvenait à des mots écrits en gros caractère, et il se réjouit lorsqu’il aperçut dans sa lecture, de gros caractères : il s’agissait du Vidouï (aveu des fautes) figurant dans les Seli’hoth et imprimé en grandes lettres. Il prit la coupe de vin et récita : Achamnou, Bagadnou, (nous sommes coupables, nous avons trahi, etc.) et à chaque mot, versa un peu de vin de son verre. Son jeune fils remarqua qu’il avait versé du vin à vingt-deux reprises et lui demanda : « Je me souviens l’an dernier que grand-père, que la paix soit sur lui, n’avait versé du vin que dix fois, alors pourquoi en verses-tu plus de vingt fois ? » Le père rétorqua : « Ignorant ! Cette année est une année embolismique et de ce fait, il faut en verser davantage. » Cette histoire illustre combien on risque de se tromper lorsqu’on ne consulte pas de rav sur les détails des Halakhoth qu’on ne connaît pas, en estimant pouvoir se débrouiller seul. Il s’agit certes d’un exemple extrême, mais cela peut s’appliquer à tout un chacun au cours de l’année. Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas bien les lois juives, et il faut avoir le réflexe de s’adresser à un rav lorsqu’on n’est pas sûr des détails de la Loi. À ce sujet, il est dit dans le traité Avoth (1,16) : « Rabbi Gamliel dit : fais-toi un rav, et évite le doute. » Chacun doit se trouver un rav à qui poser toutes ses questions, pour éviter de trancher seul toute question qui fait doute. Ce principe s’applique également à une personne qui sait étudier, mais qui s’adresse néanmoins à un rav lorsqu’elle a une question sensible qui mérite réflexion, qu’il sera préférable de soumettre à un rav, du fait qu’elle est partie prenante. Dans un tel cas, il est bon de méditer ces propos de la Guemara : «Un homme est proche de lui-même » (Yevamoth 25b). Du fait qu’il est partie prenante, il peut aisément commettre un acte indésirable. D’où cet adage dans la Michna (Avoth 4,14) : « Ne t’appuie pas sur ta sagesse.» Les ouvrages sacrés indiquent que lorsqu’un homme doit prendre une décision qui le concerne, il est dans la catégorie de : « N’accepte point de présent corrupteur, car la corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes » (Devarim 16,19). Comme l’homme est proche de lui-même, son jugement de lui-même est corrompu et il ne voit pas la vérité. Nous en avons une allusion dans la Michna (Negaïm 2,5) : « L’homme voit tous les problèmes, hormis les siens», l’homme est seulement capable de discerner les défauts des autres, mais pas ses propres défauts, car il est concerné. De plus, sachons que les Rabbanim nommés pour diriger le peuple d’Israël bénéficient d’une aide divine particulière pour diriger leurs fidèles dans la voie authentique de la Tora. À ce sujet, on relate l’anecdote suivante : un jour, un homme se rendit chez son rav dans la ville de Loubavitch, avec un coq sur lequel il avait une question de cacherouth. En chemin vers la maison du rav, il passa par le Beth Hamidrach où étudiaient rabbi Néhémia Doubrovner et le fils du Tséma’h Tsédek de Loubavitch, qui l’interrogèrent sur son problème. Après son départ, les deux géants en Tora se concertèrent et déterminèrent que le coq était taref (non-cacher). Ils entendirent ensuite, à leur grand étonnement, que le rav avait décrété que le coq était cacher et permis à la consommation. Le fils du Tsémah Tsédek se rendit chez son père, l’Admour, en affirmant que le rav de Loubavitch permettait de consommer des bêtes tarèf, mais son père consulta un livre et lui prouva que le rav avait raison. Ces géants en Tora s’étonnèrent : comment était-il possible qu’eux, dont le niveau en Tora était plus élevé que celui du rav, n’avaient pas trouvé une réponse juste en termes de Halakha ? Le rav de Loubavitch leur répondit que le rav, du fait de son statut, bénéficie d’une aide divine particulière du Ciel, qui l’oriente vers la vérité. Un jour, le fils du ‘Hatham Sofer lui demanda s’il ne craignait pas de trancher tant de questions de Halakha dans des domaines de la plus haute importance. Le ‘Hatham Sofer répondit que puisqu’on lui adressait des questions, il avait été nommé pour y répondre, et il bénéficiait de l’aide divine des décisionnaires de sa génération, et même si la preuve sur laquelle il édifiait sa décision était rejetée, il trouverait cinq autres preuves pour la renforcer. Nous en avons une allusion dans notre verset : « Voici quelle sera la règle imposée au lépreux » : c’est une méthode pour échapper aux fautes, « le jour où il redevient pur» : le jour où l’homme veut se repentir et se purifier pour éviter de succomber à la faute, « il sera présenté au Cohen » : il s’engagera à soumettre chacune de ses questions à un rav habilité à trancher la Loi, à l’image du Cohen, dans l’esprit de ce verset (Malakhi 2,7) : «C’est que les lèvres du pontife doivent conserver l’avis de la Tora ; c’est de sa bouche qu’on réclame la Tora.» Chabbath Chalom |