Dans un contexte de montée de l’extrême droite et d’inquiétudes liées à l’arrivée de réfugiés originaires de pays ennemis d’Israël, les autorités allemandes s’alarment de la résurgence de l’antisémitisme 73 ans après la fin de l’Holocauste.
A l’occasion des commémorations marquant la libération, le 27 janvier 1945, du camp d’extermination d’Auschwitz, Angela Merkel a fait part de sa « honte » que les bâtiments juifs, des écoles aux synagogues, ne puissent « exister sans protection policière ».
La chancelière, qui fut la première cheffe de gouvernement allemand à s’adresser à la Knesset (Parlement israélien) il y a dix ans, s’est aussi engagée à créer un poste de commissaire à l’antisémitisme dans le prochain gouvernement qu’elle espère former en mars.
A l’origine de cette initiative : les images de drapeaux israéliens brûlés à Berlin lors d’une manifestation après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’Etat hébreu.
Depuis de longs mois, des responsables de la communauté juive tirent la sonnette d’alarme.
L’ancienne présidente du Conseil central des Juifs et figure très respectée, Charlotte Knobloch, a déploré une recrudescence des actes antisémites. Les fêtes juives ne peuvent plus « se dérouler dans l’espace public que sous protection policière », assure-t-elle.
« Un antisémitisme toujours plus violent »
Les Berlinois ont aussi été scandalisés par le vol de 16 petits pavés en laiton installés sur les trottoirs pour honorer la mémoire de victimes de l’Holocauste. Les auteurs n’ont pas été identifiés, mais le message n’a échappé à personne, le vol ayant été commis juste avant les commémorations des pogroms anti-juifs de la Nuit de cristal en 1938.
« C’est la première fois qu’autant de ‘pierres à trébucher’ (‘Stolpersteine’ en allemand) sont volées en quelques jours », déplore Silvija Kavcic qui gère les quelque 7 000 petits pavés posés dans Berlin et sur lesquels sont gravés les noms de victimes pour l’essentiel juives du nazisme.
Pour Wenzel Michalski, représentant en Allemagne de l’ONG Human Rights Watch (HRW), l’antisémitisme s’avère « toujours plus véhément et plus violent ».
Un constat que partage l’actuel président du Conseil central des Juifs, Josef Schuster. « On ose aujourd’hui beaucoup plus dire ce qu’on a en fait toujours pensé mais qu’on n’osait justement pas dire », a-t-il lâché dans un entretien à Bild am Sonntag.
L’Allemagne a fait du souvenir de la Shoah le cœur de son identité d’après-guerre. Avec la disparition progressive des témoins et survivants du génocide, des tabous sont en train de tomber.
L’entrée en force de l’extrême droite à la chambre des députés en septembre a marqué un tournant. L’un de ses cadres, Björn Höcke, a qualifié le monument de la Shoah de Berlin de « mémorial de la honte » et elle compte en son sein plusieurs antisémites notoires.
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