Paracha Matoth-MasséL’arme contre le mauvais penchantIl a eu le mérite d’échapper à l’effondrement de l’immeuble où il vivait à Miami pour avoir suivi à la lettre les instructions du rabbi de Kalov qui lui avait conseillé d’aller étudier dans une Yechiva israélienne (Midrach Chemouel de Jérusalem) plutôt que dans des institutions locales d’un niveau plus faible. Le jeune Avi Cohen (notre photo) est fils d’un des disparus de Miami en Floride, proche de l’Admour de Kalov. Sur son conseil, il avait récemment quitté la Floride pour aller progresser dans son étude de la Tora en Israël. La semaine dernière, il n’était pas présent lors de la rencontre organisée entre les familles des victimes et le président des États-Unis, car celle-ci avait été fixée pendant l’heure où il étudie tous les jours en ‘Havrouta. |
« Eléazar Hacohen dit aux hommes de la milice, qui avaient pris part au combat : Ceci est un statut de la loi que l’Éternel a donnée à Moché (…) » (Bamidbar 31,21). D’après les livres saints, la guerre de Gog et Magog sera essentiellement d’ordre spirituel, alors que les ennemis de la religion se livreront à un combat sans répit contre les âmes juives, en essayant de déraciner leur foi. Selon la tradition transmise par mon aïeul le Atéret Tsvi de Zidichov, on tentera alors de nous inciter à nous détourner de l’étude de la Tora. Nous vivons effectivement cette lutte à notre époque, mais grâce à D’, nous avons d’un autre côté différentes institutions et organisations qui permettent de fixer des moments réguliers pour étudier la Tora. Par ce biais s’accroissent les légions d’Hachem qui combattent avec l’arme de la Tora, surnommée « épée à double tranchant ». Condiment contre le mauvais penchant, on dit aussi que la Tora protège et sauve de la faute. L’existence de tous ceux qui se livrent à son étude régulière, et de leur entourage, en est rehaussée. Il m’a été donné de constater, dans différents points du globe, les effets de cette multiplication de l’étude de la Tora : elle rapproche, renforce et redonne vie à d’innombrables âmes éloignées, car la lumière qu’elle recèle les ramène vers le bien. Rabbi Yehochoua Buchsbaum, qui était Av Beth Din de Galanta, avait l’habitude de dire : « Napoléon prétendait qu’il faut trois choses dans une guerre – de l’argent, encore de l’argent et toujours de l’argent. De même, nous affirmons que dans notre combat contre le mauvais penchant, il faut trois choses – l’étude de la Tora, encore de l’étude et toujours de l’étude. » C’est pourquoi chaque Juif doit prendre sur lui de fixer des heures pour étudier la Tora tous les jours, à l’instar d’un soldat obligé de se présenter tous les jours à l’entraînement. Il est d’ailleurs rapporté dans le Réchit ‘Hokhma (Chaar Hakedoucha, chap. 14) que celui qui ne vient pas étudier au moment qu’il s’est fixé est tel le valet d’un roi qui ne se présente pas à l’heure de son service et s’attire par son irrévérence les pires punitions. À ce propos, la Guemara (Berakhot 32b) nous rapporte l’histoire d’un homme pieux qui, lors d’un voyage, s’était arrêté pour prier. Vint à passer sur la route une importante personnalité non-juive, qui le salua. Le Juif, cependant, ne lui rendit pas son salut. Outré, l’autre attendit qu’il termine sa prière pour lui demander des comptes : « Comment avez-vous osé ne pas répondre à mon salut ? » À sa question, le Juif pieux répondit par une autre question : « Si vous vous teniez devant un souverain de chair et de sang et qu’un bon ami, en passant, vous saluait, lui rendriez-vous son salut ? » « Non, lui concéda le Goy. Et si je m’y étais hasardé, j’aurais certainement fini la tête coupée. » « S’il en est ainsi face à un roi mortel, combien est-ce plus vrai face au Roi des rois, l’Éternel, devant leQuel j’étais en train de prier ! » conclut le Juif. Convaincu, l’autre le laissa partir en paix. Le Maharal de Prague (Dérekh ‘Haïm 3,7) souligne qu’il en va de même dans l’étude de notre sainte Tora : celui qui s’interrompt en pleine étude pour parler d’autre chose ressemble à ce sujet du roi qui, au milieu d’une audience avec Sa Majesté, se détourne brutalement pour discuter avec une connaissance. Peut-on concevoir plus grande marque de mépris pour le roi ? J’ai eu l’occasion d’entendre à ce sujet une histoire du Gaon Rav Ephraïm Oshry zatsal, rav du « Beth Hamidrach Hagadol » de New York, qui la tenait lui-même directement du ‘Hafets ‘Haïm zatsal : un important commerçant alla, accompagné de sa famille, vendre sa marchandise au marché. Mais voilà qu’à peine l’étalage mis en place, il disparut, au grand dam de ses proches. Après une courte recherche, ils le retrouvèrent au Beth Hamidrach, en train d’étudier paisiblement. Quoi ? s’insurgèrent-ils. À chaque instant qu’il y passait, ils perdaient les innombrables clients potentiels fréquentant la foire, qui, en l’absence de vendeur, passaient certainement leur chemin. Le commerçant leur répondit qu’on ne pouvait pas plus lui demander d’aller au marché qu’à un mort. En effet, la nuit passée, il avait rêvé qu’il quittait ce monde et que la cour céleste tranchait qu’il devait aller au Guéhinam pour ne pas avoir assez étudié et avoir perdu son temps en vanités. Il avait alors supplié qu’on lui donne une dernière chance de réparer cela et d’acquérir encore le mérite de l’étude. Ce n’est qu’à grand-peine que cette dérogation lui avait été accordée. Hanté par ce rêve, il réalisait à présent qu’il aurait pu ne plus être de ce monde et qu’Hachem ne lui avait permis de poursuivre son existence que pour qu’il accomplisse Sa volonté d’étudier la Tora. Il se comportait donc à ce moment comme un mort, libéré de toute dépendance aux hommes. Dans le même ordre d’idées, on peut comprendre ces propos de nos Sages (Berakhot 63b) : « Les paroles de Tora ne s’accomplissent qu’en celui qui se tue pour elle. » L’homme ne peut se consacrer à sa session d’étude fixe que s’il se considère comme « mort » au même moment vis-à-vis de toute autre préoccupation. Il deviendra alors impossible, quoi qu’il arrive, de le détourner lors de cette heure fixe consacrée au service du Roi suprême à travers l’étude, de même qu’il est impossible d’amener un mort à se déplacer pour une occasion même unique et exceptionnelle – comme une rencontre avec le président des États-Unis considéré comme l’un des plus influents de la planète. |