Attentat de Nice : un adolescent de 17 ans interpellé en Seine-Saint-Denis et placé en garde à vue
Un nouveau suspect a été placé en garde à vue dans l’enquête sur l’attentat de la Basilique de Nice.
Un adolescent de 17 ans a été interpellé en Seine-Saint-Denis ce mercredi et a été placé en garde à vue. Il est soupçonné d’avoir été en contact avec le terroriste de la Basilique de Nice qui a tué trois personnes, Brahim Aouissaoui, indique Le Figaro. Le tueur et le suspect auraient échangé par messagerie.
Attentat de Nice : Brahim Aouissaoui a échangé des sms avec son cousin à propos de la « France pays des mécréants »
Quatre nouveaux suspects sont en garde à vue depuis ce mardi dans l’enquête sur l’attentat de Nice. Parmi eux, un proche du tueur, domicilié à Sarcelles (Val-d’Oise), avec qui il a échangé des sms très clairs sur la qualification de la France comme pays opposé à l’Islam (pays des « mécréants »), durant son périple migratoire. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne venait pas les bras pleins de bonnes intention : son cousin aurait pu le signaler. Complice par abstention, mais le juge tranchera.
De la Côte d’Azur à la banlieue parisienne… Les réseaux migratoires servent aussi à appuyer la venue d’indésirables, potentiellement en capacité de nuire au pays d’accueil. Il revient aux services de renseignements d’établir les éléments qui impliquent le dénommé Saber C. vivant à Sarcelles, dans le projet de triple-meurtre par égorgement et quasi-décapitation de Brahim Aouissaoui, sur une scène de crime pourtant distance de Sarcelles…
Six jours après l’attaque au couteau de la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice qui a causé la mort d’un sacristain et de deux fidèles, -dont une femme brésilienne de 44 ans et une autre de 60 ans, passionnée de théâtre, quasiment décapitée par le tueur islamiste – l’enquête antiterroriste s’est déplacée dans le Val-d’Oise. Ce mardi matin 3 novembre, quatre hommes ont été interpellés dans un immeuble de quatre étages du quartier des Sablons à Sarcelles.
L’un d’eux, Saber C., un Tunisien âgé de 29 ans, a été à plusieurs reprises en contact téléphonique avec l’assaillant, Brahim Aouissaoui, avant son attaque dans l’église.
Selon nos informations, il s’agirait d’un cousin du terroriste présumé, arrivé en France par la route migratoire il y a plusieurs mois déjà, en éclaireur, en quelques sortes. D’après les exploitations des deux téléphones retrouvés sur l’assaillant, celui-ci a envoyé plusieurs messages à Saber C. durant son périple migratoire entre la Tunisie, l’Italie et Nice.
Selon des sources proches de l’enquête, les deux hommes ont des échanges qualifiés de « sibyllins » (mais qui, lus autrement, apparaissent plutôt clairs). Ils concernent en bonne partie le voyage de l’assaillant. Celui-ci demande notamment des conseils à Saber C. sur les itinéraires à emprunter. Néanmoins, dans l’un de ses écrits, Brahim Auissaoui qualifie également la France de « pays de mécréants », ce qui laisse peu de doute, d’une part sur son intention personnelle d’y nuire, et deuxièmement, sur le sentiment de confiance qu’il place en son cousin, quitte à l’impliquer en tant que confident de son propre rejet du pays vers lequel il se dirige pour, paradoxalement, s’y installer ou y sévir. Il fait donc de son cousin un complice présumé.
Les policiers de la PJ de Nice, de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) cherchent donc à savoir si Saber C. a pu avoir été au courant des projets funestes du tueur, s’il a pu l’influencer et plus généralement s’il dispose d’informations sur son parcours européen.
L’état de santé de Brahim Aouissaoui s’est dégradé, pas d’audition prévue dans les 48 heures.
Après sa traversée de la Méditerranée depuis la Tunisie et son arrivée sur l’île de Lampedusa en Italie, Brahim Aouissaoui avait été placé en quarantaine avec plus de 350 migrants sur le navire « Rhapsody », avant de débarquer le 9 octobre à Bari puis transiter en Sicile pour finalement rejoindre en bus ou en train le 27 octobre au soir Nice, où il est repéré par les caméras de surveillance. Le surlendemain matin, il se rend dans une salle de prière, puis à la gare et enfin à la basilique niçoise où il exécute trois personnes au couteau avant d’être blessé par la police municipale.
Ce mardi, l’état de santé de l’assaillant, testé lundi positif au Covid-19, s’est dégradé. Les enquêteurs n’envisagent aucune audition dans les 48 heures. Les trois autres personnes placées en garde à vue ce mardi sont le locataire de l’appartement de Sarcelles, Salam M., 45 ans, et deux autres migrants d’une vingtaine d’années logeant chez lui aux côtés du cousin du terroriste présumé. Le quadragénaire séparé de sa femme et de ses enfants et vivant dans le quartier depuis dix-sept ans est décrit comme « calme et affable ». « La religion, ce n’est pas son truc, lui, c’est plutôt le tiercé et le café », rapporte un habitant. Ce qui implique de savoir fermer les yeux pour empocher des sous-locations.
La présence « intrigante » des trois autres hommes remonterait à plusieurs mois. « Avant même le premier confinement », affirme un voisin. Y a-t-il une raison financière à leur hébergement ? C’est ce que l’enquête cherche à déterminer. « Je ne peux pas imaginer qu’il puisse avoir un lien avec l’attentat de Nice. Après on peut toujours cacher… » s’étonne une connaissance.
Jusqu’à ces nouvelles arrestations, six personnes avaient été placées en garde à vue depuis jeudi. Mais toutes ont été remises en liberté, à l’exception d’un seul suspect, un autre Tunisien de 29 ans, interpellé samedi à Grasse (Alpes-Maritimes). Cet homme, Ahmed B.-A., a voyagé avec Brahim A. à bord de la barque de 21 migrants qui a accosté à Lampedusa, puis a transité avec lui jusqu’à Bari avant que leurs routes se séparent pour venir en France. En garde à vue, Ahmed B.-A. nie avoir été au courant du projet terroriste de son compagnon de route.
Par Jforum sur les bases de l’enquête en cours