« S’agissant du Moyen-Orient, la France doit adapter sa politique étrangère aux réalités nouvelles que chacun peut observer.
(…) Le grand bénéficiaire de ces bouleversements est l’Iran qui a bâti un arc chiite et imposé des protectorats en Irak, en Syrie et au Liban. Les velléités nucléaires et la prolifération balistique du régime des mollahs s’imposent aujourd’hui comme la principale menace sécuritaire régionale, et au-delà. À ce titre, la levée de l’embargo sur les armes à destination de l’Iran doit tous nous inquiéter. Les lignes de front se multiplient et le conflit israélo-palestinien apparaît donc, malgré la guerre larvée entre Israël et le Hamas à Gaza, comme un contentieux local, de basse intensité.
(…) Et la France, engagée courageusement dans la région contre l’État Islamique comme au Sahel, jouant de tout son poids politique au Liban pour aider le pays à sortir de la crise, démontrant la plus grande fermeté face à la Turquie, ne s’est pourtant pas défaite, sur la question israélo-palestinienne, d’une tradition diplomatique obsolète. Il est urgent d’en sortir. La formule visant « la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale des deux États » est caduque. C’est une langue morte. Les accords d’Oslo et leurs conséquences, l’évolution des rapports de force, la nouvelle donne géopolitique rendent tout retour en arrière impossible. Par crainte d’une rupture avec le monde arabe et les Palestiniens, paralysée par les passions qu’agite ce conflit jusque dans notre pays, la diplomatie française s’est figée. Nous avons pourtant les atouts — la culture, l’histoire, la connaissance de la région, une relation de confiance établie avec les Palestiniens — pour proposer. Car la paix ne tient pas au succès d’un numéro d’équilibrisme, ce n’est pas non plus un arbitrage moral mais l’entrée consentie dans un nouveau paradigme.
C’est pourquoi je crois que la France doit désormais reconnaître que Jérusalem est bien la capitale d’Israël. Depuis la déclaration de David Ben Gourion à la Knesset en 1949 jusqu’aux reconnaissances internationales aujourd’hui, ce mouvement est irréversible. La protection des lieux saints des trois grandes religions monothéistes doit bien entendu être garantie. Nous devons encourager la création d’un État palestinien. C’est aussi dans l’intérêt d’Israël et indispensable pour bâtir une paix durable. Mais encore faut-il dénoncer l’absence de processus démocratique et la corruption qui gangrènent l’Autorité palestinienne, mettre un terme à l’illusion du retour des réfugiés, exiger des dirigeants palestiniens la condamnation du terrorisme et de l’incitation à la haine, et leur conseiller de négocier avec les Israéliens sur de nouvelles bases territoriales. La diplomatie exige, aussi, du parler vrai.
(…) Oui, enfin, de l’évolution des rapports de force au Moyen-Orient dépend aussi notre avenir. Nous le voyons à nos portes, en Méditerranée et en Libye, face aux agissements de la Turquie – étrange partenaire de l’OTAN – et de son président. Par son refus de condamner sans ambiguïté l’attentat terroriste de Conflans, par ses insultes à l’égard de la France, le président Erdogan, nouvelle référence des Frères musulmans, se fait aujourd’hui le chantre de l’islamisme le plus radical.
(…) Ce qui nous menace, ce contre quoi nous luttons, le terrorisme islamiste, n’a pas de frontières. Échappons à cet inconscient sans doute hérité de la colonisation qui nous conduit parfois au relativisme. Il nous faut de l’audace et de la clarté. Nous devons parler le même langage ici et là-bas. À Beyrouth, les Libanaises et les Libanais l’ont clamé dans la rue en prenant tous les risques. Sur la scène politique comme sur le terrain militaire, le Hezbollah, littéralement le « parti de D’ », porteur d’une idéologie mortifère, antisémite, utilise la terreur comme seule arme. La France et l’Union européenne doivent désigner cet acteur pour ce qu’il est : une organisation terroriste.
(…) Il s’agit aussi de renforcer nos alliances. Trop souvent réduite au seul poids que la Shoah a laissé sur la conscience européenne, notre relation avec Israël doit s’affirmer sur tous les champs car elle est bien plus profonde. Elle tient au partage de valeurs et d’une vision commune du monde, du progrès, de la modernité, de l’humain. C’est une alliance stratégique qui ne se suffira pas de beaux discours : il faut la traduire en actes.
Le monde a changé. Le Moyen-Orient a changé. L’action de la France dans la région doit impérativement, elle aussi, faire sa mue. Nos destins sont liés. La France doit oser !
Quand on lit ce genre de texte (d’un homme connu pour son regard positif à l’endroit des juifs et d’Israël) on se rend bien compte que les politiques et les nations ne sont mues que par un seul souci: intérêts et alliances. il n’y a pas une once de moral dans tout cela.