Edgar Hilsenrath: « les choses n’ont pas beaucoup changé: les Juifs restent des boucs émissaires » (Bruno Corty)
Bruno Corty, rédacteur en chef du Figaro Littéraire:
Terminus Berlin d’Edgar Hilsenrath: revoir Berlin et mourir
« Traduction de l’ultime roman – très sombre et poignant – de l’écrivain juif allemand décédé en décembre dernier.
C’est l’histoire d’un vieux grigou habillé comme un clochard qui débarque à Berlin peu de temps avant la chute du Mur. Joseph Leschinsky, dit Lesche, est un écrivain en quête de succès, d’argent, de femme et d’un toit pour dormir. Il a vécu longtemps à New York mais a fini par se lasser d’une société qui glorifie les gagnants et enfonce les losers. […]
Avec Terminus Berlin, Hilsenrath se raconte une fois encore. Des forêts de Bucovine à l’après-guerre passé à Lyon, des États-Unis à son retour en Allemagne, il déroule une vie d’exil et d’écriture pour dire l’indicible et constater, finalement, que les choses n’ont pas beaucoup changé: les Juifs restent des boucs émissaires. Ce constat amer rend ce roman plus poignant que les autres, plus désespéré. Si Lesche, double bukowskien de l’auteur, fait par moments sourire avec ses mauvaises manières et ses pensées crues, on voit bien que ce petit homme qui a survécu à tout n’a plus ni la force ni l’envie de poursuivre le combat. »