- Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), « des barrières légales persistantes interdisent l’accès des réfugiés palestiniens à 36 professions libérales ou salariées (médecine, agriculture, pêche, transports en commun) … Pour travailler, les réfugiés palestiniens du Liban doivent obtenir un permis de travail renouvelé sur une base annuelle. Une loi modifiée en 2001, empêche les réfugiés palestiniens d’acquérir, de vendre ou de transmettre un bien immobilier au Liban. »
- Cette faute contre la solidarité a mis en lumière l’apartheid et les discrimination dont les Palestiniens sont victimes au Liban. Selon diverses associations de défense des Droits de l’homme, il n’est pas un aspect de la vie quotidienne des Palestiniens qui ne fasse l’objet d’une discrimination systématique. Le HCR souligne également que les Palestiniens du Liban n’ont pas accès aux services de santé publics libanais et dépendent pour leurs soins de l’UNRWA, des organisations à but non lucratif et du Croissant-Rouge palestinien. Les écoles publiques libanaises sont également interdites aux enfants Palestiniens.
- Et toutes ces organisations internationales de défense des droits de l’homme et tous ces groupes propalestiniens à travers le monde qui affirment se préoccuper des souffrances des Palestiniens, que font-ils ? Garderont-ils le silence sur cette négligence mortelle qui, dans un pays arabe, a pénalisé Wahbeh parce qu’ils ne pourront la reprocher à Israël ?
L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a nié toute responsabilité dans le décès d’un enfant palestinien de trois ans du camp de réfugiés de Nahr al-Bared au Liban. Les hôpitaux libanais ont refusé de le soigner, les parents étant incapables de couvrir les coûts de son traitement. Sur la photo : Le camp de réfugiés palestiniens Wavel au Liban, administré par l’UNRWA. (Source de l’image : Opérations européennes de protection civile et d’aide humanitaire / Flickr) |
Mohammed Majdi Wahbeh, un enfant palestinien de trois ans originaire du camp de réfugiés de Nahr al-Bared, au nord du Liban, est la dernière victime de l’apartheid et de la politique discriminatoire qui ciblent officiellement les Palestiniens dans un pays arabe.
Wahbeh est mort le mois dernier parce que des hôpitaux libanais ont refusé de le soigner en raison de l’insuffisance financière de ses parents. Selon les médias libanais, un hôpital aurait exigé 2 000 dollars avant d’admettre le petit garçon. Le gamin est resté trois jours dans le coma sans qu’un hôpital ouvre ses portes, ceci parce que sa famille n’avait pas les moyens d’assumer le coût du traitement.
La mort d’un petit garçon palestinien à l’entrée d’un hôpital a déclenché la colère de nombreux Libanais et Palestiniens. S’adressant au ministre libanais de la Santé, Ghassan Husbani, le journaliste libanais Dima Sadek a écrit sur Twitter :
« Monsieur le ministre, en tant que citoyens, nous vous posons la question : comment un enfant de trois ans a-t-il pu mourir à la porte d’un hôpital. Qui a bloqué son admission ? Quelle responsabilité porte votre ministère ? Depuis quand une maladie fait-elle la différence entre un enfant palestinien et un enfant libanais ? Quelle est votre responsabilité pour ce crime ? »
Neshan Der Haroutiounian, éminent journaliste et animateur de télévision, a partagé sur les réseaux sociaux une vidéo du cadavre du petit garçon sur un lit d’hôpital, sa grand-mère en pleurs à ses côtés. On voit et on entend, la grand-mère se plaindre : « Personne ne se soucie de nous, Palestiniens ». Dans un tweet accompagnant la vidéo, le journaliste a écrit : « Ce garçon palestinien est mort au Liban. Il avait trois ans. »
Rabia Zayyat, une autre star des médias libanais, à twitté son indignation.
« Oh mon D’ ! Comment un enfant peut-il mourir à la porte d’un hôpital faute d’une poignée de dollars ? Si l’hôpital a refusé d’avoir pitié, un responsable administratif n’aurait-il pu se mobiliser pour débloquer une dépense qui aurait été dilapidée en fêtes ou en agapes ? Comment continuer à vivre dans un pays qui ne reconnaît pas les droits de l’homme ? »
Hussein Banjak, un citoyen libanais, a également exprimé son indignation et son dégoût :
« Cet enfant a été tué dans mon pays, en temps de paix, par des personnes sans conscience. Il est mort pour 2 000 dollars – une somme qu’un responsable politique dépense en cravates, une somme que la femme de ce responsable dépense en chaussures, une somme que le fils de ce responsable politique dépense en eau de Cologne, une somme qu’un leader politique dépense pour un sac à main ou pour les médicaments de son chien. »
Le ministère libanais de la Santé a affirmé dans un communiqué que cet enfant palestinien avait déjà été admis dans trois hôpitaux différents, pour des opérations du crane. Wahbeh aurait ainsi été admis à l’Hôpital gouvernemental de Tripoli le 17 décembre. Et ses frais médicaux antérieurs ont été couverts par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) ajoute le communiqué. « Il est mort à l’intérieur de l’hôpital », a déclaré le ministère, niant que l’enfant soit mort à la porte de l’hôpital.
Le ministère affirme que l’UNRWA a refusé de couvrir les coûts de sa dernière admission à l’hôpital.
L’UNRWA, pour sa part, a nié toute responsabilité : ses représentants ont déclaré qu’une couverture financière et médicale avait été fournie au garçon. Selon l’agence, les médecins auraient tenté de transférer Wahbeh dans un autre hôpital, mais toutes les unités de soins pédiatriques intensifs du pays semblent avoir été en état de saturation.
Les Palestiniens du camp de Nahr al-Bared sont descendus dans la rue et en signe de protestation, ils ont brûlé des pneus et bloqué les routes en scandant des slogans contre l’UNRWA et les autorités libanaises.
La tragédie cet enfant palestinien n’est pas la première du genre au Liban. En 2011, un autre petit garçon, Mohammed Nabil Taha, âgé de 11 ans, est également décédé à l’entrée d’un hôpital libanais. Là encore, les médecins avaient refusé son admission en raison de l’insuffisance financière de sa famille.
Cette faute contre la solidarité est un rappel de l’apartheid et de la discrimination que le Liban a institué contre les Palestiniens. Presque toutes les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent les discriminations systématiques infligées aux Palestiniens y dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. Toutes les professions leur sont interdites, y compris la médecine et les transports.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR):
« … des barrières légales bloquent l’accès des réfugiés palestiniens à 36 professions libérales ou salariées (notamment en médecine, agriculture, pêche et transports publics). La réglementation limite également l’accès des réfugiés palestiniens au Fonds national de sécurité sociale. Seuls les réfugiés palestiniens dotés d’un permis de travail sont autorisés à accéder au marché du travail et leur permis doit être renouvelé sur une base annuelle. Une loi votée en 2001, interdit aux réfugiés palestiniens d’acquérir, de vendre ou d’hériter de biens immobiliers au Liban. »
En outre, souligne le HCR, les Palestiniens du Liban sont privés d’accès aux services de santé libanais. Pour leurs soins, ils dépendent principalement de l’UNRWA, d’associations à but non lucratif et du Croissant-Rouge palestinien. Les enfants palestiniens ne peuvent légalement être inscrits dans des écoles publiques libanaises.
Les dirigeants libanais vivent dans le déni et le mensonge. Non seulement ils nient les discriminations et l’apartheid que leur pays arabe inflige aux Palestiniens, mais ils pointent un doigt accusateur contre Israël. Plusieurs dirigeants libanais, dont le président Michel Aoun, continuent d’accuser Israël de pratiques « racistes » à l’encontre des Palestiniens.
Ces accusations représentent un sommet d’hypocrisie de la part d’un pays arabe qui refuse aux Palestiniens les droits les plus élémentaires. Accuser Israël permet aux dirigeants du régime d’apartheid libanais de se défausser des mauvais traitements et des discriminations qu’ils infligent aux Palestiniens présents sur leur sol.
Un pays qui refuse un traitement médical urgent à un enfant de trois ans n’a pas le droit de mentir au monde entier en affirmant qu’il soutient les Palestiniens et leur cause.
Enfin, la même question se pose à chaque nouvelle tragédie : où sont toutes les organisations internationales de défense des droits de l’homme et que font tous ces groupes propalestiniens qui, partout dans le monde, feignent de se préoccuper des souffrances des Palestiniens ? Resteront-ils silencieux sur la maltraitance infligée à Wahbeh, mort dans un pays arabe sans que la responsabilité d’Israël soit engagée ?
Khaled Abu Toameh, journaliste primé basé à Jérusalem, est membre du Shillman Journalism Fellow du Gatestone Institute.