Israël : honte ou honneur ?

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Photo : Israël en feu (à ‘Haifa, lors de récents incendies)

Par Joseph Facal / journaldemontreal

Voici une chronique qui fera grincer des dents plusieurs lecteurs. C’est leur problème.

Il arrive qu’un reproche contienne implicitement un compliment dont l’accusateur n’est pas conscient.

La riposte israélienne à la colère des Palestiniens de Gaza est jugée « disproportionnée » par beaucoup.

Indéniablement, le bilan est beaucoup plus lourd d’un côté.

Les images renforcent aussi cette image de disproportion : de l’équipement moderne contre des jets de pierre.

Il est presque impossible de mettre en images la stratégie du Hamas d’envoyer en première ligne des jeunes dont les morts serviront à marquer des points politiques.

Morale

Quand on y pense, cette accusation de disproportion repose sur le fait qu’on applique au comportement attendu d’Israël les critères que l’on appliquerait au comportement attendu de pays comme le Canada, comme la France, comme les autres nations « respectables ».

Le régime syrien utilise des armes chimiques contre son propre peuple.

On le déplore, mais sans s’étonner. On sait que c’est un régime barbare.

Le régime saoudien vit au Moyen Âge et traite son peuple en conséquence.

On le déplore, mais sans s’étonner. On sait que c’est un régime barbare.

On n’est pas surpris que les autres régimes au Moyen-Orient ne se comportent pas comme des démocraties occidentales… puisque ce ne sont pas des régimes que l’on considère comme démocratiques et « respectables » au plan éthique.

Mais quand il s’agit d’Israël, on lui applique les critères moraux qu’on s’applique à nous-mêmes.

Beaucoup de critiques d’Israël ne voient pas qu’ils appliquent à ce pays un double standard ni qu’ils lui font ainsi un compliment involontaire.

Leur attitude revient en effet à reconnaître implicitement qu’Israël, malgré ses défauts et ses problèmes, fait partie de la courte liste des États dont on attend un comportement fondé sur la morale.

Tous les Israéliens distinguent clairement les politiques du gouvernement Netanyahou et le droit de leur pays d’exister.

Ils exercent donc, en toute liberté, leur droit de critiquer leur gouvernement.

Question : qu’arrive-t-il à ceux qui osent critiquer « leur » gouvernement en Syrie, en Arabie saoudite, ailleurs dans le monde arabe ?

Les Palestiniens eux-mêmes n’attendent plus rien des autres pays arabes, dont ils ont compris le cynisme, pas plus qu’ils n’émigrent pour aller s’appauvrir encore plus chez leurs « frères » des régimes voisins.

Hommage

Israël reste une démocratie très imparfaite, éminemment critiquable.

Mais quelle démocratie est parfaite et quelle autre vit entourée d’ennemis mortels qui pensent que ce pays ne devrait même pas exister ?

En jugeant ce pays si sévèrement, en lui mettant la barre à une hauteur qu’ils n’appliquent pas aux autres pays de la région, les détracteurs d’Israël ne réalisent pas qu’ils lui rendent le plus bel hommage qui soit.

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