Les élections italiennes ont suscité la consternation de l’essentiel des dirigeants politiques au pouvoir en Europe, et, bien sûr, des dirigeants de l’Union Européenne.
Conformément au vocabulaire édulcoré en vigueur dans la presse française, les partis qui l’ont emporté ont été présentés comme “eurosceptiques” alors qu’ils ne sont pas sceptiques du tout, et rejettent clairement l’Europe telle qu’elle se construit.
Le grand vainqueur est le Mouvement Cinq Etoiles qui est essentiellement un mouvement contestataire, et prône tout à la fois une baisse des impôts, une dérégulation et un revenu minimum quasiment universel : les électeurs de gauche se sont dirigés vers le Mouvement Cinq Etoiles et vers son slogan, Vaffanculo (allez vous faire f…).
Le deuxième vainqueur est la Ligue, qui passe en cinq ans de 4 à 17,3 % et du statut de parti de Lombardie au statut de parti national, rejette l’immigration musulmane, qualifiée par son secrétaire fédéral Matteo Salvini d’invasion, demande que l’Italie soit rendue aux Italiens et que le peuple italien soit souverain sur ses décisions, exige que les frontières maritimes de l’Italie soient rétablies pleinement pour stopper le flux de “migrants” arrivant de Libye et préconise l’expulsion des “migrants” installés en Italie.
Le Mouvement Cinq Etoiles ne peut former un gouvernement seul, faute d’avoir atteint les 40% de voix fixés par la loi italienne, et refuse toute coalition.
La Ligue a fait alliance avec Forza Italia de Silvio Berlusconi, qui a rencontré un relatif échec, dû vraisemblablement au fait que Silvio Berlusconi ait déclaré que son candidat à la présidence du Conseil des ministres était Antonio Tajani, actuel président du Parlement européen (dans un contexte de rejet de l’Union Européenne, ce n’était pas un choix judicieux). L’alliance Ligue-Forza Italia n’atteint pas elle non plus le nombre de voix requis pour former un gouvernement.
L’Italie n’aura pas de gouvernement stable, et reste dans l’incertitude.
Ce qui est certain et doit être souligné est que si l’on additionne les voix du Mouvement Cinq Etoiles et de la Ligue, les Italiens ne veulent plus de l’Europe façon Union Européenne.
Ce qui est certain et doit être souligné aussi est que le Parti démocrate, mené aux élections par Matteo Renzi, socialiste façon Emmanuel Macron, a été clairement récusé.
Le vote des Italiens est un vote de rejet massif de l’Union Européenne, une exigence massive de retour à la souveraineté et d’arrêt de l’immigration-invasion (le Mouvement Cinq Etoiles sur ce plan a rejoint des positions proches de celles de la Ligue).
La consternation de l’essentiel des dirigeants politiques au pouvoir en Europe est très logique: ce sont quasiment tous des partisans de l’approfondissement de la construction européenne, de l’abandon de toute souveraineté et de l’immigration. La consternation des dirigeants de l’Union Européenne est plus logique encore.
La presse française semble saisie d’effroi. Certains commentateurs appellent l’Europe à “se ressaisir”, et montrent qu’ils n’ont décidément rien compris.
De tous cotés en Europe on parle de “populisme”, ce mot utilisé désormais pour suggérer que les peuples qui se révoltent contre des élites autoproclamées qui confisquent la démocratie sont idiots et dangereux.
Le peuple italien n’est ni idiot ni dangereux. Il voit que l’Italie est en train de disparaître et de mourir, et que l’Union Européenne n’en a rien à faire. Il n’a pas nécessairement les idées claires parce qu’en Italie comme ailleurs en Europe une dictature insidieuse d’une pensée unique est en place et vide les cerveaux.
Des fractions importantes d’autres peuples en Europe montrent que la révolte des peuples contre les élites autoproclamées existe ailleurs et monte en puissance.
J’ai écrit ici récemment que Viktor Orban en Hongrie, Sebastian Kurz en Autriche incarnaient cette révolte et étaient au pouvoir. Je pourrais ajouter à la liste Andrej Babiš, Président du gouvernement tchèque et Mateusz Morawiecki, Premier ministre de Pologne (je n’ignore pas la malencontreuse loi sur les “camps polonais”, qui n’est pas une loi négationniste car elle ne nie pas la Shoah, et dit seulement que les camps d’extermination n’étaient pas polonais, et je n’ignore pas non plus les accusations de retour de l’antisemitisme en Pologne, mais c’est un autre sujet, dont je traite dans le présent numéro d’Israël magazine).
Des partis qui ne sont pas au pouvoir incarnent cette révolte. En Allemagne, Alternative für Deutschland, le Vlaams Belang en Belgique flamande, Le Parti pour la liberté de Geert Wilders aux Pays Bas, le Front National en France.
Comme en Italie, ces partis peuvent avoir des positions troubles, parfois consternantes.
Pour avoir voulu broyer les identités nationales pour leur substituer une “identité européenne” factice, avoir voulu substituer aux démocraties une forme d’absolutisme technocratique, avoir ignoré les conséquences très graves de l’immigration musulmane incontrôlée, de l’islamisation qui en a résulté, de politiques créatrices de pauvreté, l’Union Européenne a créé les conditions d’une potentielle explosion.
Des gens semblables en leurs idées aux absolutistes technocratiques européens et aussi cyniques qu’eux ont tenté de diriger les Etats-Unis vers un fonctionnement à l’européenne. L’élection de Donald Trump a résulté d’une révolte du peuple américain et d’une volonté chez lui de retour à ce qui a fait la grandeur de l’Amérique.
La présidence de Donald Trump a été une sorte de signal montrant que certaines idées (souveraineté, refus de l’immigration et de l’islamisation, refus de la soumission passive à la globalisation) pouvaient gagner et a renforcé la possibilité d’une explosion en Europe.
D’une certaine manière Donald Trump est le grand vainqueur des élections italiennes.
Il n’est pas étonnant que Donald Trump soit détesté à ce point par les élites autoproclamées, en Europe et ailleurs.
Hors des Etats-Unis, le seul pays où Donald Trump est admiré est Israël, et Israël est détesté par les élites autoproclamées : Israël est un Etat nation démocratique souverain, comme les Etats-Unis. C’est un pays fier de son identité, et dont l’identité est au cœur de ce qui fait la fécondité de la civilisation occidentale, comme l’identité des Etats-Unis.
Si la victoire de Donald Trump en Italie conduisait à d’autres victoires et permettait d’en finir avec l’Union Européenne ou, pour le moins, de la changer radicalement avant qu’il ne soit trop tard, ce serait un bon début.
© Guy Millière pour Dreuz.info