Pourquoi Macron a autant mis en scène son amitié avec Trump

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A l’issue d’une visite sans fausse note du président américain, les relations semblent reparties sur de bon rails. Pour quels résultats?

DIPLOMATIE – Heureusement qu’il reste la question du climat. Sinon, Emmanuel Macron et Donald Trump apparaîtraient comme les dirigeants les plus proches de la planète. Une relation qui pourrait même rendre Justin Trudeau jaloux.

L’invitation faite au président américain pour ce défilé du 14-Juillet symbolisait en tout cas la stratégie adoptée par le président de la République vis-à-vis de son homologue: lui montrer toute l’estime qu’il lui porte (ainsi qu’à son pays), certains diront le flatter, pour faciliter les échanges et espérer obtenir des concessions de sa part. Cela se rapproche de ce qu’il avait fait avec Vladimir Poutine courant juin en le recevant à Versailles. C’est l’inverse du choix fait par Angela Merkel, qui a opté pour un registre glacial vis-à-vis du président américain.

Conséquence, la trentaine d’heures que Donald Trump a passées à Paris avec son épouse Melania – ils ont été reçus par Emmanuel Macron jeudi après-midi – a été l’occasion d’innombrables mises en scène de l’amitié entre les deux pays. Mais aussi, et c’est peut-être plus surprenant, entre deux dirigeants que tout semble pourtant opposer au premier abord. Alors que leur première poignée de main à Bruxelles avait été mal vécue par Washington et que la décision du successeur de Barack Obama de quitter l’accord de Paris sur le climat avait jeté un froid avec Paris, la réconciliation a été marquée en grandes pompes. Ce fut autant le cas dans les gestes que dans les paroles.

« Rien ne nous séparera jamais »

Cette fin de matinée l’illustre parfaitement. Dans son allocution à la tribune de la place de la Concorde, pour une prise de parole inédite à l’issue d’un défilé, Emmanuel Macron a eu des mots très forts – quoique peu surprenants – pour qualifier l’alliance avec les Etats-Unis. « Rien ne sous séparera jamais », a-t-il lancé après avoir « remercié les Etats-Unis d’Amérique pour le choix fait il y a cent ans » d’entrer en guerre pour épauler les Alliés.

S’il n’a pas pris la parole ce vendredi matin, Donald Trump a pour sa part chaleureusement applaudi les troupes françaises qui ont défilé sur les Champs-Elysées. Surtout, son interminable poignée de mains finale avec le couple Macron a encore une fois marqué les esprits et souligné la volonté du président américain de conclure en beauté une visite qui s’est déroulée sans aucune fausse note.

Jeudi déjà, les deux dirigeants avaient fait plus que le minimum diplomatique. En choisissant les Invalides pour recevoir le couple Trump, Emmanuel Macron avait annoncé la couleur comme il l’avait fait en recevant Vladimir Poutine avec tout le faste du château de Versailles. Mais les tapes amicales sur l’épaule et surtout la conférence de presse qui a eu lieu à l’Elysée en fin d’après-midi avaient confirmé le rapprochement.

Sur les sujets géopolitiques (de la Chine à la Syrie en passant par la lutte contre le terrorisme), ils ont affiché une entente parfaite. Le président français s’est retenu de toute critique sur le terrain écologique tandis que son homologue a laissé entendre que la porte n’était pas définitivement claquée quant à l’accord de Paris.

Relancé sur des propos virulents tenus en début de semaine à Lausanne qui visaient Donald Trump, Emmanuel Macron a même pris soin d’affirmer (même si l’on n’est pas obligé de le croire) qu’ils ne visaient pas son hôte du jour mais Marine Le Pen, son ancienne rivale de la présidentielle. Résultat, les deux hommes avaient eu le même mot « ami » pour qualifier leur relation. C’est donc un dîner entre amis qu’ils avaient partagé le soir à la Tour Eiffel.

Si l’attitude qu’adopteraient les deux chefs d’Etat avait pu soulever des interrogations avant la visite, force est de constater à son issue qu’ils ont tenté de mettre les formes pour corroborer les dires de leurs diplomates. « Il y a une très bonne alchimie entre eux », jurait-on côté américain. « Leur relation de travail est extrêmement ouverte, franche, mais aussi constructive », abondait-on côté français.

Les deux présidents désormais sur la même longueur d’onde, leur relation va devoir donner des résultats. Comme sur la scène intérieure où il a bousculé les codes au point de susciter des attentes fortes, Emmanuel Macron sait que cette stratégie diplomatique a intérêt à porter ses fruits s’il ne veut pas être accusé d’en faire trop. Voire d’être taxé de flatterie, comme l’a laissé entendre CNN.

Source www.huffingtonpost.fr

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