Qui marie les jeunes tourteraux ?

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Autour de la table de Chabbath, n° 463 Hayé-Sara

Le’ilouï Nechama de mon père : Ya’acov Leib ben Avraham Natté (Jacques Gold), zikhrono Livraha VéTihié Nichmato Tsrora Bétsror HaHaïm (son Jahrzeit 21 Héchvan)

Qui marie les jeunes tourtereaux ?

Notre paracha commence par l’achat de la sépulture pour notre sainte Matriarche Sara Iménou dans la grotte de Machpéla (notre photo) à ‘Hévron et son enterrement.

A son retour à Beer Chava, Avraham demanda à son fidèle serviteur Eliézer de chercher une femme pour son fils Yts’hak. Avraham le somme de ne pas prendre une fille de Cana’an mais d’aller vers son pays natal Our Kasdim (certainement que les mœurs des peuplades de Cana’an étaient très décousues tandis que dans la région de la famille d’Avraham les choses se tenaient encore). Eliezer jure alors à son maitre qu’il effectuera sa mission de la meilleure des manières et il se met en route.

La suite est connue : la première jeune fille qu’il rencontrera dans l’ancienne ville de son maitre c’est Rivka, la fille de Béthuel qui est le neveu d’Avraham. Cette jeune fille avait des traits de caractères hors du commun par son ‘hessed et sa grâce. Elle était apte à rentrer dans la maison d’Avraham. Le serviteur lui donnera des bijoux et règlera les modalités de mariage avec le beau-pere. Au final il reviendra en Terre sainte avec la jeune Rivka et elle entrera sous la tente de notre saint Patriarche Yts’hak Avinou.

Dans cette section nous apprenons le début de la fondation du Clall Israël car ce mariage est le gage que les efforts d’Avraham de dévoiler la Emouna en Hachem sur terre vont perdurer pour la génération à venir.

Le Midrach (Tanhouma Ki Tissa 5) donne un enseignement saisissant sur le mariage.

« Une bourgeoise « gentille » questionna un grand du Clall Israël : rabbi Yossi Ben Halifta. Elle demande « en combien de jours Hachem a créé la terre ? En 6 jours… Que fait-Il depuis ce temps ? Il marie les couples, Il opère des mariages contre le gré des prétendus jusqu’à les enchainer pour finalement les réunir alors qu’ils sont d’un bout du monde à l’autre comme il est écrit dans les Tehilim « Elokim établit les célibataires dans leurs maisons et fait sortir les prisonniers bekocharoth (justesse) ». Le mot bekocharoth se décompose en deux mots beko qui veut dire avec des pleurs (Békhi) et charoth peut se dire Chiroth (dans l’allégresse) ».

Fin de l’extrait du Midrach.

C’est-à-dire que Hachem fonde parfois des couples alors qu’une grande distance les sépare. Des fois c’est dans l’allégresse, Chiroth, mais des fois c’est contre leur volonté (Ndlr, c’est-à-dire qu’il se peut que les parties ne disent pas tout (ou ont oublié) de dévoiler certains points noirs du prétendant car s’ils l’avaient fait, le conjoint n’aurait jamais accepté une telle union). Dans tous les cas, nous apprenons de ce Midrach que les couples sont l’affaire du Ribonno chel ‘Olam, c’est Lui qui réunit les jeunes tourtereaux sous le dais nuptial. Il est connu qu’un grand rav de Jérusalem (le rav Yits’hak Zeev de Brisk zatsal, décédé dans les années 60) avait l’habitude de dire que dans la vie, un homme doit faire de multiples efforts. Que ce soit dans le domaine de la parnassa, la santé, etc. Seulement il existe un domaine où l’homme ne fait rien, c’est le zivoug (le couple). Ce n’est que la Main d’Hachem qui s’exerce ! Donc les parents que nous sommes doivent être beaucoup moins nerveux par exemple lorsqu’ils voient le numéro du chad’han (le marieur) s’afficher sur leur portable qui doit leur annoncer l’accord (ou non) de la future belle-famille (et le rav Gold en sait quelque chose dans le domaine) … Car ce ne sont pas les différents efforts des parents qui font le zivoug de leur enfant, mais c’est Hachem qui prévoit et organise le choix du partenaire de notre chère petite tête brune pour les 120 ans à venir.

Les choses sont belles et intéressantes (comme toute la Tora), seulement cette semaine je poserai une question pour faire réfléchir mes lecteurs (d’ailleurs il s’en est rajouté Outre Atlantique…). Pour comprendre le développement, il faut connaitre un point : le mariage n’est pas seulement une belle cérémonie tant attendue des mariés, mais c’est avant tout un acte juridique (c’est une sorte d’acquisition) de très haute importance. En effet, après que l’épouse accepte la bague du ‘hathan devant deux témoins (chomré Chabbath), elle devient femme-mariée et dorénavant elle est interdite à toute l’humanité excepté son mari… pour sûr (fin de la courte introduction).

Avraham dit donc à Eliézer de prendre une épouse pour son fils Yits’hak. Il y a lieu de réfléchir. Comment Avraham a-t-il put envoyer un émissaire pour marier Rivka à Yits’hak ? Le Talmud enseigne que c’est dans les prérogatives d’un père de marier sa fille (qui a moins de 12 ans et demi) mais vis à vis de son fils, le père n’a pas la capacité de le marier (même si le garçon est tout jeune). Ce n’est que le garçon qui peut contracter son mariage. Il n’a pas besoin, juridiquement parlant, de son père pour valider son mariage. Donc si c’est ainsi, puisqu’Avraham n’a pas les capacités juridiques de marier son fils, à plus forte raison qu’il ne peut pas envoyer Eliézer pour le marier !

Plusieurs réponses sont données. L’une d’entre-elle (Séfer HaMakné) c’est que juste avant de nommer Eliézer, Avraham a fait le don de tous ses biens à Yits’hak (en prévision d’amadouer son futur beau-père). Or en faisant ce présent, automatiquement Eliézer est devenu le serviteur de Yits’hak. Or, il existe une Halakha : « la main de l’esclave, c’est celle de son maitre  » (Yad ‘avdo keyad rabo). C’est-à-dire qu’en devenant esclave (kena’ani) le serviteur perd son statut au profit de son patron. Par exemple, si l’esclave soulève une trouvaille, elle revient automatiquement à son maitre (l’esclave n’a pas besoin de faire un second acte (un don) car la main de l’esclave, c’est comme celle du maître. Forcément c’est comme si le maître avait lui-même soulevé la trouvaille). Pareillement, explique le Makné, lorsqu’Eliezer a fiancé Rivqa à Yitshak c’est comme si Yits’hak l’avait fait tout seul (puisqu’Eliezer était devenu son serviteur). En devenant serviteur de Yits’hak, Eliézer devient le « bras » juridique de son maitre et peut opérer les fiançailles pour lui (ndlr : il existe une Guemara, au début du 2ème ch. de Kidouchin) qui enseigne qu’un esclave ne peut pas être délégué (chalia’h) pour faire un mariage. D’après notre développement, nous sommes obligés de dire que c’est précisément lorsque l’esclave est délégué d’une tierce personne autre que son maitre. Mais si c’est pour les besoins de son maitre il peut faire le mariage – ‘hidouch gadol !).

Bravo pour ceux qui m’ont suivi jusqu’au bout !

Le sippour!

Dans notre paracha il est mentionné que lorsque Rébecca est arrivée auprès de son mari Yits’hak, alors la bénédiction est revenue dans la tente de nos patriarches. Lorsque Sara Iménou était vivante, la bénédiction résidait dans la lumière des bougies du Chabbath qui restaient allumées toute la semaine, le pain était à profusion, etc. Cependant lorsque Sara est morte, toute cette bénédiction a disparu jusqu’à ce que Rébecca entre dans la tente. Comme il y a une allusion à l’allumage des bougies, on a trouvé un très beau récit sur la force de l’allumage et de la prière lors de la Mitsva. Mais avant cela on est obligé de vous faire une petite/longue introduction sur les méandres de l’histoire récente du pays où coulent le lait et le miel. L’histoire remonte à près de 70 années, à l’époque des débuts difficiles de l’Etat juif. Ce que l’on connait moins, c’est la relation entre la population juive religieuse du pays avec le gouvernement. Comme vous savez, il existe depuis le départ beaucoup de points d’achoppement entre la minorité religieuse et l’Etat laïc. Comme par exemple le respect du Chabbath ou encore le droit de la famille. Un des points fondamentaux c’est le service militaire obligatoire. Jusqu’à nos jours la société israélienne n’a pas compris l’importance de l’étude de la Tora. Et c’est dommage ! Car c’est l’étude incessante d’une partie du Clall Israël qui assure la pérennité du peuple juif et aussi qui confère la vraie sécurité du pays face à tous les ennemis. C’est un axiome fort simple à comprendre, mais pour une partie du public plus éloigné de la Tradition, cela reste obscur. A l’époque de notre histoire en 1950, il existait un autre point d’échauffement très important d’ailleurs comme maintenant : la présence des femmes au sein de Tsahal.

Le premier ministre de l’époque David Ben Gourion voulait enrôler toutes les jeunes filles juives sous le drapeau, et pour les plus religieuses, il était question d’un service civil. A l’époque la minorité religieuse était dirigée par le grand rav le ‘Hazon Ich zatsal de Bené Braq. Et son jugement était qu’en AUCUNE façon les filles ne devaient se rendre à l’armée même pour faire un service civil. Sa raison était qu’une jeune fille ne devait pas être sous tutelle masculine autre que son père ou son mari! Il a même énoncé clairement qu’il était préférable de se faire TUER plutôt que d’entrer à l’armée. La situation était tendue, c’est alors que le premier ministre est allé personnellement à Bené Braq rencontrer le rav.

Avant de commencer la discussion, le rav enleva ses lunettes pour ne pas scruter le visage de son interlocuteur, et expliqua le point de vue de la Tora à partir du Talmud Baba Bathra. En effet il est marqué un din/loi intéressant. Si se rencontrent sur un cours d’eau étroit deux bateaux, l’un chargé de plein de marchandises et l’autre vide, alors le bateau ‘léger’ devra laisser passer le navire le plus lourd en premier. De là, le ‘Hazon Ich explique à son interlocuteur, qu’en Erets la primauté doit être accordé au monde de la Tora. C’est que notre navire est plein des cinq livres de la Tora, du Talmud de Babylone et de Jérusalem, de tous les écrits des Richonim, le Choul’han ‘Aroukh, le Tour etc. (époque médiévale) et de tous les livres de la période plus récente : le Gaon de Vilna, le rabbi Akiva Eiger, etc., etc. Par contre votre barque, celle des sionistes est pratiquement vide. Il existe quelques poètes, quelques écrivains de la dernière génération et c’est tout ! La suite de la rencontre, c’est que le Premier ministre rentra à Jérusalem et finalement donna la possibilité à toutes les filles religieuses du pays de ne pas faire même le service civil militaire… Baroukh Hachem!

Cependant l’histoire de la rencontre ne s’arrête pas là, car Ben Gourion resta TRES impressionné de sa visite auprès du rav de Bené Braq. Tellement qu’il fit part de ses sentiments à son proche collaborateur, le ministre de l’intérieur. La suite est que ce ministre a rapporté à sa femme que Ben Gourion est resté sans voix devant la personnalité du ‘Hazon Ich. L’épouse du ministre était une femme qui semble-t-il respectait au moins la coutume d’allumer tous les vendredis soir les bougies. Et jusqu’à présent elle avait l’habitude de faire une prière à Hachem que son fils devienne comme, on vous laisse deviner, comme Ben Gourion ! Cependant, lorsqu’elle a compris que même le Premier ministre de l’Etat s’inclinait devant la grandeur du ‘Hazon Ich, alors elle commença à prier pour que son petit Yankélé devienne comme le… ‘Hazon Ich!! Pas mal comme changement ! En tous les cas, sa prière porta ses fruits car de sa fille est né un très bon Juif de Jérusalem qui a fait une grande Techouva et qui développa énormément les cours de Tora dans la capitale éternelle de l’Etat d’Israël… Et qui permit à beaucoup de Juifs de se rapprocher de la vraie lumière qu’est la Tora.

Incroyable de voir que la prière opère des prodiges même deux générations plus tard.

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David GoldTél : 00972 55 677 87 47

E-mail : dbgo36@gmail.com.

Une bénédiction à mon Roch Collel, le rav Asher Brakha-Bénédict chlita et à son épouse pour tout le magnifique travail (les Collelim) de développement de la Tora en Erets Israël

Et toujours des Tefiloth pour le retour en bonne santé des otages juifs de Gaza et la protection des forces de sécurité depuis le nord jusqu’au sud d’Israël et des populations civiles.

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