Rabbi Chnéour Zalman Baroukhovitch, fils de rabbi Baroukh et de la rabbanit Rivka, naquit le 18 Eloul 5505 (1745). Descendant en droite ligne du Maharal de Prague, l’arbre généalogique de sa famille remonte au roi David.
Le Ba’al Chem Tov, par la bénédiction de qui cette naissance se produisit, indiqua aux parents de quelle façon il fallait éduquer l’enfant. Son âme, en effet, issue du monde spirituel d’Atsilout, descendait sur terre pour la première fois, avec la mission de traduire son propre enseignement dans les termes de la raison. À un an, l’enfant parlait déjà comme un adulte. Régulièrement, le Ba’al Chem Tov était, à sa demande, tenu informé de tout ce qui le concernait.
Très tôt, les qualités intellectuelles de rabbi Chnéour Zalman furent reconnues. À deux ans, il témoignait d’une mémoire hors du commun et d’une intelligence fabuleuse. À trois ans, il fut conduit chez le Ba’al Chem Tov, qui lui coupa les cheveux pour la première fois et le bénit. Par la suite, il ne devait plus jamais le revoir. À cinq ans, sa connaissance de la Tora était immense. Il pouvait expliquer clairement le passage du Talmud le plus ardu. Déjà, lors de sa bar mitsva, les plus grands érudits le déclarèrent apte à discuter la Loi et lui décernèrent le titre de « Gaon ».
Il se maria, en 5520 (1760), avec la rabbanit Shterna, fille de rabbi Yehouda Leïb Segal et de la rabbanith Beïla. Le beau-père de rabbi Chnéour Zalman, un important érudit de la communauté de Vitebsk, appartenait aux mitnagdim et fit souffrir son gendre, lorsqu’il devint un ‘hassid. Rabbi Chnéour Zalman s’installa dans la région de Vitebsk et fut conduit, dans un premier temps, à rechercher le bien-être de ses frères juifs, qu’il engagea à constituer des colonies agricoles. Là, ils pouvaient vivre à l’abri des souffrances que leur imposaient les non-juifs. De plus, ils pouvaient, de la sorte, être exemptés de certains impôts. Pour réaliser tout cela, il acheta des terres avec l’argent qu’il avait reçu pour son mariage. Là, il installa de nombreuses familles juives et nomma également des professeurs pour leur enseigner la Tora.
La philosophie ‘Habad
De 5518 à 5523 (1758 à 1763), rabbi Chnéour Zalman mit au point les idées fondamentales de son système philosophique, basé sur l’amour et la crainte de D’ provoqués par une réflexion profonde. Son enseignement ensuite structuré à partir de la ‘Hassidout, sur l’ordre du Maguid qui, dans un premier temps, refusa de l’orienter dans le service de D’ et lui demanda de bâtir son propre système.En effet, il se rendit chez le Maguid de Mézéritch peu après, en 5524 (1764). Il hésita un moment entre Vilna et Mézéritch, puis, considérant qu’auprès du Gaon de Vilna, il se consacrait à l’étude, dans laquelle il était déjà versé, il décida d’aller chez le Maguid, afin d’apprendre à prier. Il devint aussitôt son ‘hassid. Son maître le nomma Maguid de Lyozna en 5527 (1767), puis le chargea, en 5730 (1770), de rédiger son commentaire du Choul’han Aroukh, dont il commença immédiatement la compilation. Après la disparition du Maguid, rabbi Chnéour Zalman introduisit la ‘Hassidout ‘Habad et s’engagea dans la défense de l’enseignement du Ba’al Chem Tov, dont certaines aspects étaient contestés par les mitnagdim. A ce titre, il fonda, en 5532 (1772), sa Yechiva à Lyozna. L’accès en était réservé à ceux qui avaient déjà accumulé d’énormes connaissances, aussi bien dans la partie législative de la Tora que dans la Kabbala. Il se rendit, en 5534 (1774), en compagnie de rabbi Mena’hem Mendel de Horodok, chez le Gaon de Vilna, qui refusa de les recevoir. Il sortit ensuite vainqueur de la grande confrontation de Minsk, en 5543 (1783), puis de celle de Chklov. Parallèlement, son enseignement reçut une diffusion de plus en plus large. Il rédigea son commentaire sur le Choul’han Aroukh, dont la première partie, les « Lois de l’étude de la Tora », fut publiée en 5554 (1794). Pour ce qui est de la ‘Hassidout, son système de pensée est exposé dans son œuvre monumentale, le Tanya, « Loi écrite de la ‘Hassidout », d’abord diffusée sous forme manuscrite, puis imprimée en 5557 (1797). En outre, une large compilation de ses commentaires se trouve dans deux importants volumes, « Tora Or » et « Likoutei Tora ». Le Tséma’h Tsédek, son petit fils, publia le « Tora Or » en 5597 (1837) et le « Likouté Tora » en 5608 (1848)
Une ère nouvelle après le 19 Kislev
Il fit alors l’objet d’une dénonciation de la part de ses opposants. En effet, il était responsable, en Russie, de la collecte des fonds pour soutenir la communauté ’hassidique de Terre Sainte, dirigée par rabbi Mena’hem Mendel de Vitebsk. Or, Erets Israël était alors sous domination turque et la Turquie était l’ennemi de la Russie. Il fut donc arrêté, en 5559 (1799), le lendemain de la fête de Souccoth, puis emprisonné à Pétersbourg, dans la forteresse Pétropavlov. Son incarcération sema le désarroi parmi les ‘hassidim ‘Habad et sa première réaction fut de leur écrire une lettre pour leur interdire tout acte de vengeance. Il fut libéré le mardi 19 Kislev, date qui est devenue le Roch Hachana de la ‘Hassidout, un jour où l’on ne dit pas les ta’hanoun. Par la suite, son enseignement se diffusa largement. Deux ans plus tard, il fut de nouveau convoqué à Pétersbourg, le lendemain de Souccoth. Il fut libéré au milieu de la fête de ‘Hanoucca et quitta Pétersbourg le 11 Mena’hem Av 5561 (1801) pour s’installer à Lyadi. Rabbi Chnéour Zalman prit position contre l’invasion française de la Russie, conscient de l’influence néfaste qu’elle aurait sur les Juifs. Poursuivi par les armées de Napoléon Bonaparte, fortes de quarante mille hommes, il dut s’enfuir, sur le conseil du général Nébrowsky et quitter Lyadi, la veille du Chabbath om l’on bénit le mois d’Eloul 5572 (1812). Avec sa famille et de nombreux ‘hassidim, il erra d’une ville à l’autre et arriva, le 12 Tévet 5573 (1812) dans le village de Pyéna, près de Koursk. C’est là qu’il quitta ce monde, à l’issue du Chabbath, veille du dimanche 24 Tévet (le 26 décembre 1812). Il repose à Haditch près de Poltava.Rabbi Chnéour Zalman eut trois fils et trois filles
Ses trois fils furent
Rabbi Dov Ber, qui lui succéda,
Rabbi ‘Haïm Avraham
et Rabbi Moché.
Tous trois se consacrèrent en particulier à la diffusion des écrits de leur père.
Ses trois filles furent
la Rabbanit Freïda,
la rabbanit Devorah Léa, mère du Tséma’h Tsédek, qui offrit sa vie en échange de celle de son père à la suite d’une accusation portée contre la ‘Hassidout auprès du tribunal céleste,
et la Rabbanit Ra’hel.
Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi est appelé de différentes manières
- Les ‘Hassidim l’appellent l’Admour HaZakène en hébreu ou l’Alter Rebbe en yiddish, ce qui veut dire « le Vieux Rabbi », du fait qu’il fut le premier rabbi de ‘Habad et le père de la dynastie des Rabbis de ‘Habad.
- Il est appelé aussi Ba’al HaTanya vehaChoul’han Aroukh, signifiant « l’Auteur du Tanya et du Choul’han Aroukh », ou seulement Baal HaTanya.
- Il est fait souvent référence à lui comme «le Rav», du fait de son extraordinaire génie en matière de loi juive. Ainsi, son Choul’han Aroukh est souvent appelé «Choul’han Aroukh HaRav» pour le distinguer du Choul’han Aroukh de Rabbi Yossef Karo dont il est une synthèse magistrale.
- Dans certains ouvrages de Halakha comme le Michna Beroura, on l’appelle par l’acronyme «GRaZ», pour «le Gaon Rabbénou Zalman», ou «RaZ» pour «Rabbénou Zalman».
Source hassidout.org